« Arkeologia »

Alors que les premières œuvres de Young-hee Hong se présentaient sous la forme de sculptures dans
des matériaux naturels, l’artiste a témoigné très tôt d’un goût pour la performance, indice de son intérêt
pour le rapport à l’individu, à l’autre.[

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C’est précisément cette dimension relationnelle qui est au centre de l’installation L’archéologie de
l’ordinaire
(2010 – 2011). Des objets les plus divers sont regroupés sur le sol de la salle d’exposition.
Rien ne permet de comprendre le rassemblement de ces éléments si ce ne sont les textes disposés
tout autour, sous cadres accrochés aux murs. Ces écrits retranscrivent les déclarations de personnes
filmées et s’adressant à la caméra. Les trois composantes de l’installation sont issues d’une rencontre
entre l’artiste et les habitants de Strasbourg. En collaboration avec le Centre Européen d’Actions
Artistiques Contemporaines (CEAAC), Young-hee Hong lance en octobre 2010 un appel à contribution
aux Strasbourgeois. Ceux-ci sont invités à se rendre dans son atelier et à lui raconter ce que leur
évoque l’objet proposé par l’artiste, une valise. Puis, ils sont libres de choisir dans l’atelier un objet
et de révéler, selon le même procédé, leur relation à celui-ci.[
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Bien plus qu’une « archéologie de l’ordinaire », Young-hee Hong offre aux spectateurs la possibilité
d’une archéologie de leur propre vécu et ce faisant une archéologie de l’époque contemporaine.
Les fragments de mémoire issus de sa fouille artistique permettent, une fois assemblés, de reconstituer
une mémoire collective qui n’est nullement passée mais in process. Entre les mains de Young-hee Hong,
l’archéologie devient une science humaine dans le sens premier du terme, elle (re)devient relationnelle
[4] et actualise le rêve secret de tout archéologue : la possibilité de s’entretenir directement avec les
représentants de la civilisation qu’il étudie.


Melissat Rérat.

Texte dans catalogue de l’exposition “Arkhaiologia” au Centre Pasquart Biel/bienne, Swisse. 2011.

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D. Fischkandl