Quelques mots sur ma démarche artistique
L’idée génératrice de travail
L’idée à l’origine de mon travail s’enracine dans la réalité la plus élémentaire de notre
existence, à savoir : un espace caractérisé par la dualité, et qui ne tient qu’en fonction
des relations, des liens tissés entre les éléments composant notre environnement.
Cet environnement peut être soit naturel ou artificiel, soit matériel ou immatériel.
Mais il peut aussi suggérer l’opposition entre l’histoire et les nécessités du présent.
Cette réflexion m’a conduit à interroger ce que pouvaient être les limites physiques ou
mentales d’une identité culturelle, sociale voir politique : une zone frontalière qui à la foi
sépare et lie, entre une entité et une autre. Cette réalité engendre toutes sortes
de communications et d’échanges, rationnels ou irrationnels, conscients ou inconscients,
visibles ou invisibles qui constituent le paysage de notre réalité ainsi que l’histoire :
d’un être, d’un lieu, d’une culture.
Les systèmes, expérimentations du lien :
En termes plastiques, j’ai approfondi le concept du lien en associant deux ou plusieurs
matières aux caractéristiques éloignées, unies par des systèmes faisant lien. Chaque
expérience plastique suggère un degré ou un type de lien différent. Les exemples de mise
en rapport entre des matières par un système de lien sont nombreux : couture, collage,
ligotage, cerclage, serrage, agrafage, juxtaposition, etc.
Après une longue période de recherche et d’expérimentation du lien à travers divers
matériaux, une question s’est imposée ; la quête du lien ne s’affirme-t-elle pas comme
moyen réel et symbolique de recréer l’unité du monde, au-delà des dualités ?
Ce qui me motive aujourd’hui :
Cette interrogation m’a inévitablement amené à me poser la question de mon rapport
à la production de l’œuvre et au public. Celui-ci implique un changement d’attitude
de ma part. Disposée désormais à être à l’écoute des autres, à observer l’environnement
qui m’entoure, je travaille à rendre intelligible la notion plus abstraite, immatérielle
d’une entité évolutive entre absence/ présence, possession/ dépossession, réel/ imaginaire,
apparition/disparition, …, qui est en permanence présente dans notre vie quotidienne,
faisant lien à chaque étape de l’évolution de manière silencieuse et qui gouverne, modifie
notre rapport aux choses.
J’explore, à travers notamment des rencontres avec les habitants, des moyens d’expressions
plus directs, éphémères et interactifs, ouverts à l’échange et à la communication avec autrui.
Dans ce processus, le « moi-je » devient secondaire pour céder la place au besoin impératif
de communication et de compréhension d’autrui. Ce qui change fondamentalement le point
de vue de l’artiste vis-à-vis de sa propre création et au public.
J’exploite ainsi les données géographiques et culturelles d’un environnement, envisagées
comme la matière principale de la création. En y convoquant des objets inattendus, en les
mettant en relation, et en proposant ainsi une nouvelle perspective de communication
entre l’art et la société. De ce fait, le lien créé s'étend à la sphère sociale et culturelle.
Il s'agit de générer des effets poétiques à partir de rencontres. Ces effets peuvent avoir une
dimension critique en ce sens que l'ordre conventionnel des choses est modifié.
2012
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